LE DÉSESPOIR DU POÈTE
Il n'en peut plus, mais il pleut encore. Tricote serrées les mailles de tes larmes, ça te fera un manteau d'été et tu souriras sous le chapeau rigolo du ciel. Il peut encore mais il ne pleut plus, ce qu'il a plu. Alors, va nu, maintenant, sans conseil, jusqu'au sommeil du Soleil. La Lune attendra que tu gémisses pour te bercer et les étoiles te redonneront l'illusion d'être poète à leur Panthéon. Les Pandores retourneront dans leur caserne et les chats sortiront dans la ruelle. Et toi, les joues sèches tu regarderas dans les yeux de ton amour et ton coeur décochera des flèches dans l'attente du jour. Le jour comme une brûlure réveillera la plaie de l'ordinaire. Poète, tu vis d'extras quand tu as négocié ta liberté. Alors, ne pleure pas. Ris, comme on rit la journée, sans savoir l'heure, s'il est temps de rentrer ou, grâce à ton amour, reste dehors, et, il se peut qu'il pleuve un peu, juste une brume sur les cheveux blonds de ta brune. Pleure un peu ! Tu rafraîchis le Soleil.
Pierre Montmory - trouveur