30 Mars 2017
UN POÈTE RÉSOLUMENT VIVANT
JAMAIS NE SERA VIEUX
J'espère n'être jamais vieux que mort, pour mort. Dans le coeur de mes amis je vivrai encore, alors, ma mort ne sera qu'une absence, et ma vieillesse oubliée, la mémoire fera sens. Sur mes pas effacés viendront d’autres mondes, roulant dans l’Univers d’autres univers, des pays à forme d’humains y chercheront leurs mains, pour jouer une ronde. Et les muses chanteront les dits de ma vie en projetant des rayons de lumière qui sculpteront et feront danser les ombres tirées d’Argile et de l’Onde. Les muses fragiles et instables mimeront la peur pour exciter le courage d’un génie.
Le génie, c’est l’intelligence de l’Infini que reçoivent les cœurs épris par la Beauté. Le génie est le cœur intelligent qui prodigue le bon et le bien à tous les humains. Le génie a créé l’université. Les humains vont à l’école pour l’étudier.
Je serai exalté par le poète enfant d’Éternité.
Ce qui est vieux n’est que de la poussière que disperse le vent de notre passage. Nous ne sommes que la somme d’une poignée d’eau, d’une pincée de sable, et d’un bruit de l’Onde.
Mais ce bruit de l’Onde s’éternise à l’infini quand le cœur bat au rythme du travail des mains d’argile mouillées de sueur de l’artisan amoureux. Amoureux de vivre à en mourir, il donne toujours plus qu’il ne pourrait fournir, s’il était vieux.
Éternité, mère des muses, n’est heureuse que quand ses enfants s’amusent. Ses enfants sont humains qui gravitent autour de la Terre, le plus beau pays dans l’Univers. Petits enfants au matin, ils grandissent adultes à force de journées, fabriquent des rêves avant de s’endormir et reviennent le lendemain.
Argile est le premier monde solide dans l’Univers impalpable. Le poète a gratté de la matière noire et l’a mélangée à l’eau des sourcières, comme il a mélangé du cacao nourricier au lait de sa mère et en a fait une grosse boule dans ses mains habiles, et il joue à la faire tourner entre ses doigts devant la lumière du Soleil.
Il l’a appelée Argile car elle est faite de poussières des vieux mondes, et de l’eau vive de son amour naissant. Nous, nous l’avons surnommée Terre.
L’Onde est le premier mode du premier bruit de l’Univers silencieux. Après l’éclat du génie amoureux, son rire continue de rouler son écho sur la première onde sonore.
Le premier rire du premier amoureux dans le silence blanc de l’Univers. La muse Destinée est encore étonnée de voir naître d’un naufrage un si bel équipage, tel Roméo et Juliette ou Mahjoub et Leila.
L’Onde se trouve maintenant dans l’oreille du musicien des Sphères. L’Onde transporte les mélodies des amoureux avec les bruits de tout le monde. Les Sphères sont au nombre de neuf, mais nous les étudierons plus-tard.
Le mot pays signifie : « qui vit ici ».
Je suis « pays », nous sommes tous « pays », nous vivons tous ici, sur cette île flottant dans l’Univers, nous sommes insulaires, notre île est la Terre, le plus beau pays dans l’Univers.
Amour est le nom du pays où vit le poète.
Amour est notre pays. Amour est notre fratrie.
Le poète a nommé son pays Amour car il est le petit enfant d’Éternité et de Présent et l’enfant de Liberté et de Droit.
Liberté, fille d’Éternité, est une muse fantaisiste, personne ne peut prévoir ses gestes ou sa parole.
Justice est la mère de Droit.
Droit est né d’un père inconnu, ou, il faudrait dire plutôt qu’il a autant de prétendants à sa paternité qu’il y a déjà eu des humains dans l’Univers.
Droit est un éternel adolescent, rigide sur les conventions et en même temps rêveur oublieux. Droit est un soldat.
Présent, l’ancêtre du poète, est un travailleur, il a de l’ouvrage, et c’est pour cela qu’il est là tous les jours.
Le poète est un humain qui fait ce qu’il veut s’il peut, ou qui fait ce qu’il peut si on veut.
Courage est un frère du poète.
Peur, une sœur.
Tendresse, une sœur.
Paresse est la meilleure amie du poète.
Curiosité, sa maîtresse.
Don, son fidèle compagnon.
Le poète oublie le matin.
À midi, il ment.
L’après-midi, il truque.
Et le soir, il joue.
Dès sa naissance, il aime.
Dans sa jeunesse, il crée.
À l’âge adulte, il détruit.
Vieux, il tue.
Mort, il meurt.
Le poète est un enfant adolescent qui se fiche des grands.
Le poète n’a pas peur de la mort.
Le poète vit le présent.
Le poète est souriant.
Malgré la mort.
Malgré les méchants.
Le poète est heureux de vivre,
Malgré les jaloux,
Malgré les moqueurs.
Qu’il fasse bon heur - bonne rencontre
Ou
Mal heur – mauvaise rencontre
Il est heureux de ne posséder que la vie
Pour accumuler des joies
Par-dessus les pleurs.
Je ne serai jamais vieux.
J’ai gardé mes cinq ans.
Je fustige l’adolescent.
Je taquine l’adulte.
Je plains le vieux.
Ignore la mort.
UN POÈTE RÉSOLUMENT VIVANT
JAMAIS NE SERA VIEUX
Pierre Marcel Montmory - trouveur
tableau du peintre syrien Samoukan Assaad