13 Avril 2020
- livre numérique gratuit à copier et à partager -
HUMANITÉ PERDUE et RÉSISTANCE
Restons sur la place publique.
N’enfermons pas nos œuvres
Dans les vitrines des élites marchandes –
qui les engloutissent dans les abîmes de silence
Mais soyons vigilants, dans le présent
Entre le passé, vient l’avenir
Ici le présent et son cadeau
Toujours ouvert pour la curiosité
Nous ne trouverons toujours
Que l’humanité et encore l’humanité
Pour inspirer l’humilité aux étoiles
Parce que nous ne faisons pas plus
Que la mère des mondes qui allaite tous les enfants
Et encore les ancêtres
Dans le cercle
De la parole entretenue
Comme le feu des forges
Le prix de nos œuvres
Dans le regard des spectateurs
Le prix du travail
Dans l’attente de nos dons
Offerts à la curiosité
Et récompensé comme l’infini
Car tu chantes pour chanter, rossignol !
Car pour casser la graine, tu grattes le sol
Artiste, poète !
Nous créons avec la vie
Nous vivons avec les autres
Alors les autres nous regardent et savent
C’est une performance d’arriver à continuer
À vivre dignement le partage
La performance humaine
Notre humanité enchantée
Avec nos restes du passé
Avec nos rêves chiffonnés
Nous instruisons le moment
Et calmons toutes les faims
L’adresse de l’artiste doit être la notre
Comment nous sommes
Captés par nos sens
Vers l’autre
Humanité
Qui va
Avec nous
Pourquoi vendre quand tu dois rendre
Ce qui t’a été donné gratuitement
Et que tu offres pour remercier
Il n’y a pas de marché
Mais la marche de l’Humanité
La farine de chacun fait le pain
L’estime n’a pas de prix
Et lorsqu’on t’achète ta trouvaille
Cela ne veut pas dire tu es bon ou même meilleur mais
Cela t’enseigne l’humilité
Car
Les autres spectateurs méritent chacun autant, quand tu leur offres ta trouvaille, et qu’ils n’ont que leurs sourires, leur étonnement, et leur dépit pour te rendre ta présence.
Et puis, tu le sais, le client, « le riche étranger » n’est souvent qu’un vil collectionneur qui soustrait ta trouvaille du cercle de la vie et prive le monde d’une merveille humaine
Et, à courtiser ta diaspora, tu exaspères l’éternité
Tu corrompes ton esprit pour une vaine reconnaissance
Quand nous sommes au service du peuple,
Nous ne sommes pas obligés à la reconnaissance.
N’avez-vous pas compris
Que le dieu Argent veut vous acheter votre vie !
Travailler n’est-il pas de transformer le vivant en abondance ?
Le pain, doit-il être monnayé ?
La mère, vend-elle son lait au nourrisson ?
La mer monnaie-t-elle l’eau aux poissons ?
Le vent marchande-t-il son souffle aux marins ?
Ô, toi, le rossignol ?
Si tu nous plais
C’est parce que tu captes notre attention
Que tu nous charmes par ton chant
Ton chant
Nourricier
Qui éloigne le mal
Qui guérit
Qui provoque l’amour !
Alors, va, et sans prix affiché
Et sans quête
Tu seras rassasié
Car l’Humanité sera comblée
Car l’humanité aura dépassé l’égo de la bête
Alors, après avoir livré ton œuvre à la foule
La foule qui paraissait indifférente
Tu te mets à parler pour dire
Regardez
Écoutez
Sentez
Touchez
J’existe par mes œuvres
Et surtout
Je délivre la parole
Je porte mes mots jusqu’à vous !
Et la parole revient sur la place publique
La parole retrouve son point de départ
Et nous arrivons là d’où nous sommes partis
Célébrons l’éternité
La vie sacrée
Et toutes les langues de ta langue se démêlent quand tu parles !
Et tu rencontres d’autres qui ont vu tomber la même eau que toi, et que vous appelez ensemble : pluie.
L’amitié nourrit les siens –
Je reste ici – c’est mon pays
J’oublie les clientèles et m’occupe des miens
Je suis familier du pain des miens
Le pain de l’étranger, je le goûte quand il veut bien m’offrir le sien, sans le prix.
Je ne paie pas pour avoir des amis.
Si tu es prêt à changer de nom, alors, choisis de rester anonyme avec juste un petit nom pour les intimes.
Déjà disparu, ton œuvre reste !
On jugera tes œuvres
Alors, vraiment, reste intact, intègre
Ton identité t’uniforme
L’anonymat te préserve !
La tradition
Ou l’art de transmettre
Que la beauté soit le guide
La vie sans nom n’empêche pas de vivre
Anonyme n’empêche pas le mot juste
Et si tu as une parole à dire : parle
Même si tes paroles sont amères comme la mort
Même si c’est LA MORT : parle !
Si tu te sens menacé, c’est que tu demandes de l’aide à quelqu’un d’autre que toi-même
Le terrorisme est la réunion de ceux qui sont ennemis d’eux-mêmes.
La terreur est engendrée par la peur de soi.
La peur de soi est le non amour de soi.
Qui ne s’aime pas récolte la terreur.
Tu n’as pas d’armes
Mais des outils
Tu n’as pas d’arme ni de drapeau
Mais ton sourire
Et le drap de ta peau
Virus de misère
Si la guerre est la fin de tout
La paix est une bonne gestion de la misère
Virus de la misère
Parce que la paix n’est pas dans tous les cœurs
Que les cœurs manquent de courage
Que le courage n’a pas de volonté
Que seul le déserteur est brave et amoureux
Tu dois porter le masque qui soit le contraire de ton visage
Car malheureux tu es
Et tes yeux implorent la miséricorde
Alors, avance en paix, le cœur en repos, le corps à l’œuvre et ton esprit sain qui te gouverne.
Le fléau, le manque de plaisir de vivre à l’intérieur de soi provoque la guerre à l’intérieur de l’individu qui a rejeté l’enfant qu’il a été et qui veut jouer encore, le rejet de l’adolescent plein de rêves, et, à l’âge adulte, le refus d’être lui-même, qui n’a fait que vouloir ressembler à tout le monde.
La peur de naître à soi-même comme nouveau monde
La peur de vivre avec soi-même en bonne compagnie
Le peur de mourir de n’avoir pas vécu ses rêves
Résister c’est dire non.
Résister c’est exister.
Exister malgré toute gouvernance.
Exister pour ou contre, c’est toujours exister pour tous.
Et, parler, c’est exister.
Pierre Marcel Montmory trouveur