14 Août 2023
AUX GAVROCHES
Les pays n’existent que dans les rêves
La paix ne sera toujours qu’une trêve
Les nations prisons nous cousent des haillons
Les États nous administrent comme des cons
En démocratie tout le monde bouffe et chie
Tu mangeras ta faim si t’as rien appris
Y faut fermer sa gueule pendant les repas
Les plus nombreux sont prêts à tuer pour le galetas
Moi je suis tout seul à conter les fleurs du bien
Les bourgeois haïssent ceux qui se sentent bien
Les artistes ont mesuré mon sourire
Dans leurs chansons en canons ils me font mourir
L’espoir c’est fait pour attendre de quoi patience
La volonté n’a rien à faire de ta science
On te fait croire et tu bois ce que tu crois
Le solitaire fabrique des pains en bois
Ô, Gavroche de mon mesnil, rarissime !
Loin des écrans tactiles richissimes
Profil de traviole gare à ta fiole
Les cognes te pognent : vide les rigoles !
De Paname à Saint Frusquin ballent les malins
Qui n’auront pas l’usage de tes deux mains
Pour pointer la routine et fourrer le toutim
Y a que la moyenne classe dégueulasse
La haute se réserve les militaires
Le dieu sale argent a ses pauvres hères
Pis l’ouvrier jamais licencié en corvée
Fassent les linceuls avec nos peaux trouées
Aux larmes les parents de la faim avortée
Et vous les marmots aux visages masqués
La peur laisse des rides aux résignés
Soumis à la médecine politisée
Holà, moi, l’individu seul sur la Terre
Le solitaire n’a besoin d’aucune mère
Je dois bien vivre solo avec mes dix bras
Si je perds un membre se sera mon trépas
Dieu le père et le chef je ne sais quoi
Ont toujours jamais su quoi faire de moi
Je souris toute ma vie aux étoiles de nuit
Je chante le jour pour lui fleur du bien, la vie
Pierre Marcel Montmory trouveur
FAISONS LES COMPTES
1
Venez, vous en payer une tranche
Chez Jean Bonneau
Boucher à l’Émeri
Vous y ferez le tour de France
En franche compagnie
2
Tous les jours c’est dimanche
Quand on est avec des amis
À user nos semelles
Sans monter à Paris
Vous ferez les nouvelles
Sur toutes les tivis
3
On fait des blagues des gamineries
En gueulant à table
On rouspète
Comme des pas polis
Dans un’ drôle de fête
Dans toute la crèmerie
4
C’est qu’on a dans la tête
Des fâcheuses envies
De trancher le lard
Des pourceaux établis
Allons franchouillards
Trop dure est not’ vie
5
Y en a marre de tout l’beurre
Que fait pour lui tout seul
Le patron d’l’ économie
Qui nous fout sur la gueule
Sa matraque nazie
Et fait de nous son ennemi
6
Pour dire la vérité
On manifeste
Pas pour des conneries
On jette not ’veste
Pour lui mettre
Les points sur les i
7
Et si le roi nous envoie
Son armée de sagouins
Il devra savoir
Qu’on en viendra aux mains
Comme dans l’histoire
Qui faisait des raccourcis
8
Nous perdons tout
Sauf l’appétit
Du bonheur
Nous jetterons tout
À l’égout du malheur
Le mal de coeur
9
Sans blague on sert les dents
En mangeant not’ misère
Tous ces ventripotents
Feront de not’ chienlit
Leur propre testament
10
Venez, vous en payer une tranche
Chez Jean Bonneau
Boucher à l’Émeri
Vous y ferez le tour de France
En franche compagnie
11
Tous les jours c’est dimanche
Quand on est avec des amis
À user nos semelles
Sans monter à Paris
Vous ferez les nouvelles
Sur toutes les tivis
12
En campagne
Dans nos banlieues
Aux centres villes
Sortons du bagne
De la Conn ‘rie
Le monde nous r’garde
Et pète un coup
13
Les fachos et les gauchos
Ne casserons pas
Ce qu’a construit
Nos vieux papas
On a l’endurance
Fiers d’être la France
Et tous nos amours
Libres d’être libres
14
Venez, vous en payer une tranche
Que nos coudées soient franches
Au bar de la bonne chance
Nous fabriquons notre espérance
Toutim Gavrochard