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Le blog de Pierre Montmory

LA MISÈRE ABANDONNÉE

LA MISÈRE ABANDONNÉE

LA MISÈRE ABANDONNÉE

     Exilé sur les trottoirs, je vais par les rues, porter mon dévolu, jusqu’au soir où j’aurai vu, ce qui est à voir, sur la terre et dans les nues.

     J’ai loué la demeure d’un seigneur, le prix hier plus bas qu’aujourd’hui, mais je vis sans dette car j’ai choisi d’être libre.

     Je paie en sang mon permis de circuler à l’abri du remord, les villes bavardes pourraient m’absorber dans leur ombre sans fonds.

     Je n’ai pas de regret de m’absenter de l’ordre des choses classifiées, vous ne me retrouverez dans aucune case je ne fais jamais d’encoche.

     Le bonheur à mes pieds, je marche en frôlant les malheurs, ma chance est un bâton de vieillesse taillé dans le cœur d’un arbre fruitier.

     Je m’appuie sur mon corps, ma mie danse à mes côtés, ma mie c’est mon pain quotidien, dur comme les murs des villes ou fraîchement pétri à la source des aubes.

     Je travaille avec mon cœur, l’amour bat mon sang, la rage court, et la paix rage.

     Ma mie s’appuie gentiment sur mon épaule, mes lèvres se mouillent, du coin de mon œil j’aperçois son rictus moqueur, ma mie se moque de moi et de mes ruses, puis elle me donne un baiser chaud, je la renverse par la taille.

     Je bande tous mes vers pour rimer avec elle, elle, la chanson qui naît sans peur.

     Dans ma peau aime la vie, et la mort attendue patiente au rythme de l’éternité.

     J’ai le temps, le temps c’est nous, le temps c’est elle, le temps c’est moi.

     Je n’ai pas dit son nom car elle change tout le temps.

     Je dois courir avec elle, je ne regarde pas en arrière, le présent en cadeau m’est offert.

     Aimer sans raison, bénéfice de mon intérêt, gain innombrable, coupe pleine, ivre d’elle, la vie : je ne dirai pas son nom du moment que je le sais.

     Et je vais, par les ruines du futur, ramasser des pierres encore intactes pour les échanger contre le boire, le manger, l’habit, le sommeil, la sécurité des murs.

     Mais je ne m’enivre qu’à la source d’une femme dont je tais le nom pour la protéger des envieux.

     Mais je parle avec les amis de la nuit, anonymes amoureux de leur vie.

     La lumière de la force terrorise l’innocente créature.

     La force de la lumière allume l’incendie de la vie sacrée.

     Garde ton eau, ami, et partage ta soif !

     Nous sommes si peu riches à éclairer le monde d’une saine lumière, passionnés, dussions-nous tenir fermement nos chandelles.

     Nous sommes si nombreux, forts, à ignorer la vie d’une fausse vérité, soumis à l’abandon, dussions-nous détester férocement nous-mêmes.

     Alors, je dis non et le répète à l’infini, pour voir si l’absolu me répond.

     Mais non, le non est commun à toute extrémité.

     Le non, vrai silence, le non terrible pour la science.

     La science observe le bruit des mondes.

     Le cœur des poètes se prélasse sur l’onde.

     L’univers infini, chaos harmonique du poème, où je mets ma prose au défi, moi-je, prétendant à la muse.

     Occupe bien ta paresse tout le long des trottoirs et que le monde ne te change pas dès le seuil.

     Trouve tes portes et entre, sans peur.

     Le vent joueur te met en carte, alors, rire pour pleurer ou pleurer pour rire, tu te choisiras toi-même, beau temps ou tempête, sinon ce sera tant pis.

     Rayon de soleil au cœur d’un jour gris ou goutte de pluie un jour de soleil, je chante.

     Ma muse me souffle son vrai nom, je prends ma plume pour lui écrire les mots d’un génie.

     Vogue les caresses sous elle sur moi de tendresse rebelle, ma mie m’a appelé tant mieux.

     Après la dernière vague, la rumeur continue, je tire sur la corde, mon malheur est rompu, j’hisse la voile et me mène à toute joie vers des  inconnus.

 

 

Pierre Marcel Montmory maître trouveur

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