12 Avril 2024
Vivace, comme la rose pique !
Je salue la poésie publique
Je lui donne toujours la réplique
Je la fous au banc des républiques
L’odeur des boulevards les paniques
Le bruit et les musiques des cliques
Le décor poisseux des amériques
Faces de boucs et fesses de biques
Les fumées les dégueulis du progrès
Les lumières apocalyptiques
Les lunettes noires des loustics
Les peaux de bêtes lustrées par les suées
La rouille des cervelles bétonnées
Les trottoirs des discours des dés pipés
Les boutiques des bouches trop fardées
Le fumier des bourgeois encanaillés
La laideur dans les yeux de la cité
La force des bras de la lâcheté
Les statues pour rappeler les mort-nés
Le caniveau des amours avortés
L’impuissant désir vite rallumé
Par les racoleuses publicités
Les agents culturels font circuler
Le système par le fric régulé
Mais la fille qui sait être libre
Mais le gars qui, à tout, dit non et non
Elle la môme, lui le mioche
Sans quignon, des trous plein les poches
Ils vivent dans la rue le long chemin
La joie au bras le monde sur le dos
Quand vient la nuit ils se donnent au chaud
Et brûlent leur sang sans dire un mot
Au matin le jour les surprend chiffonnés
Qui s’ébrouent dans la rosée amère
Oisillons de la zone austère
Les becs grands ouverts comme toute faim
Je finis là mon tableau très sombre
La lumière combat toujours l’ombre
Ma faiblesse est de croire à la fin
Heureusement il me reste du pain
Difficile de trouver la chance
Sur le sable les efforts s’effacent
Sans le pain tous les malheureux pensent
Et la fin de leurs faims les agace
Quand ils pensent sans rien dans la panse
Leur corps fébrile comme la terre tremble
La misère, la guerre ensemble
À cause des estomacs pleins qui pensent
Si tu oses dire un mot d’amour
Ils te puniront à errer toujours
Si tu oses parler de la beauté
Ils te crucifieront à une tour
J’ai pris mon courage et me sauvai
Loin des peurs des bêtes écrivais
La lamentable habitude oui
Ne jamais dire non mais toujours oui
Pierre Marcel Montmory trouveur