11 Janvier 2017
Les journalistes et les spécialistes sont d'accord avec les agents culturels: le trouveur Pierre Marcel Montmory est un génie ! - LES MÉDIAS -
L’écrivain, l'artiste, le trouveur Pierre Marcel Montmory, subversif, voix des exclus, anarchiste souriant, témoin des dérives qui se répètent, est plutôt ce grain de sable qui cherche à faire gripper les systèmes entretenant les injustices. L’acuité de son regard dénonce habilement toutes « les saloperies du monde ». Ce poète singulier aime surtout se définir comme un braconnier dans le monde des arts et de la pensée.
Le pouvoir de la finance, les replis identitaires, la peur de l’autre, les injustices sociales, les corruptions… il dénonce tout ça. Il oppose une pensée forte et toujours vivace à ce monde qui ne va pas à cause de l’argent, des dogmes, des abus de pouvoir, des aveuglements et de tous ces faux-semblants qui empêchent l’humain d’être lui-même.
Étrange paradoxe qui lui sied parfaitement; la véritable nature du poète français qui cherche à s’éloigner des poètes un peu trop prévisibles et sirupeux au profit d’un enseignement plus à même de préparer les élèves à la violence de leur époque, faite de privations, de répressions, de génocides.
Un penseur complexe qui présente une dimension politique très forte, une remise en question de l’autorité du maître, qui n’est pas forcément la figure d’un enseignant, et des conformismes. Un artiste complexe qui a la richesse de sa complexité.
Un éveilleur de conscience, un empêcheur de tourner en rond, qui s’impose comme un « Picasso », avec sa capacité à alerter ses semblables sur l’importance de ne pas tomber dans le ronronnement et dans les clichés, dans les certitudes qui briment les libertés, troublent les perceptions et conduisent l’humanité à la stagnation, bien plus qu’à la régression.
Il voit toutes ces choses qui se répètent sans cesse dans l’histoire du monde. Il fait partie de cette lignée de penseurs qui ne sont jamais dans leur époque, qui sont ailleurs, qui racontent leur monde maintenant tout en étant déjà au-delà de ce temps.
Un sourire contagieux. Drôle d’oiseau subversif, Pierre Marcel Montmory n’aide pas sa cause avec son sourire et sa bienveillance. Il dénonce les choses avec férocité, mais en tirant toujours sa pensée vers le haut, vers l’amour, la joie, la pensée positive. Il n’est pas dans les affects de la tristesse, de la colère, de la frustration. Pour lui, l’être humain devait s’élever plutôt vers la vie et l’amour pour dénoncer les aberrations, les incohérences, les injustices qui entravent la vie et l’amour.
Il est tout sauf un « donneur de leçon ».
Son esprit est plus facile à explorer qu’à magnifier. Il est promoteur du doute et combattant de certitudes.
Jacques Prévert disait : « Il faudrait essayer d’être heureux, ne serait-ce que pour donner l’exemple. »
- LES MÉDIAS -
UNE ÂME DE PANAME
La rue Lepic monte jusqu’au sommet de Montmartre, et là, le pré vert de la Commune a sa jeune vigne qui fait son sang,
J’habite une mansarde place Blanche, alors faut que je crapahute jusqu’en haut avec ma guitare et mes feuillets de poèmes.
Parce que je vais à mon turbin qui est de chanter dès les matins les poèmes du jour qui paieront mon pain.
Je m’installe sur les jolis pavés de la place du Calvaire en face de la maison cossue d’un milliardaire.
Jamais je ne joue place du Tertre où sont les rapins qui se transmettent le commerce par héritage.
J’ai ma place tranquille où les badauds défilent et où n’y a pas de concurrents immédiats.
Les poulets m’ont à la bonne et me saluent quand ils font leur ronde me demandent si tout va bien tandis que les Apaches m’offrent protection, c’est bien le signe que je suis chez moi pour offrir mon dévolu à qui veux-tu voilà.
Je sors ma guitare en entame une ouverture spéciale au ciel et aux oiseaux. Ce jour-là que je trouve toujours particulièrement beau.
Et oui, mesdames et messieurs, tant que vous me verrez sur la place c’est que tout va pour le mieux.
Parfois j’emmène la môme Chiffon avec moi pour donner la sérénade. Chiffon est la femme clown la plus connue du peuple des rues. Elle chante comme un oiseau et charme même le diable. Pour elle j’ai composé sur mesure des contes qu’elle joue naturelle. Quand vient le jour elle m’inspire et quand vient la nuit elle chante.
Nous jouons sous le plafond du ciel dans le plus grand théâtre du monde. Le décorateur est un génie, les éclairages sont merveilleux et nos voix sont parfaitement amplifiées par nos poitrines à l’unisson de nos cœurs en pleine chamade.
Les spectateurs oublient la rue sur mes pavés précieux ils écoutent ma musique qui nourrit les oiseaux et ils en attrapent des graines qu’ils emmènent chez eux pour les faire pousser dans leurs rêves.
Je dois jouer chaque jour toujours mieux que la veille pour séduire ma muse qui plaît tant au chaland.
La rue Lepic monte jusqu’au sommet de Montmartre, et là, le pré vert de la Commune a sa jeune vigne qui fait son sang,
Pierre Marcel MONTMORY - trouveur
MATOU D’PANTRUCHE à Gérard Legrand
Ô, Matou d’Pantruche
T’es parti pour Trucmuche
Si l’amitié est l’égalité des amis
Je dois mourir aussi
Comme j’ai jamais palpé
J’me suis abîmé les mains
Ma guitare est usée
J’m’en vais demain matin
Ô, Matou d’Pantruche
T’es parti pour Trucmuche
Si l’amitié est l’égalité des amis
Je dois mourir aussi
Elle m’a tatoué une ancre
Sur la blessure de mon cœur
Elle voulait bien d’un cancre
Qui la prenne pour une sœur
Ô, Matou d’Pantruche
T’es parti pour Trucmuche
Si l’amitié est l’égalité des amis
Je dois mourir aussi
Sur les boulevards du hasard
Le destin tire ses couteaux
Dans la fumée des bars
La mort se couche tôt
Ô, Matou d’Pantruche
T’es parti pour Trucmuche
Si l’amitié est l’égalité des amis
Je dois mourir aussi
C’est Hélène qui m’a sauvé
Du vin où je noyais ma mélancolie
C’est Dihya qui m’a bordé
Danse jolie mélodie
Ô, Matou d’Pantruche
T’es parti pour Trucmuche
Si l’amitié est l’égalité des amis
Je dois mourir aussi
Pierre Marcel MONTMORY - trouveur
MENDIANT
À L’OPÉRA, HIC !
Les beaux escaliers pour mendier
Je cherchais une dernière parure
Pour qu’on me laisse le loisir
D’un dernier regard
Sur les heures de mon temps
Je voulais souffler encore
Sur la lumière qui pense les jours de joie
Sans doute aurai-je chanté
Mais ma solitude bloquait ma voix
Je suis ici
Je suis là
Sur les marches
Funèbres
De ma joie
De bon aloi
Et d’appétit
À en pleurer
M’sieurs-dames
À LA BANQUE, HOC !
Les beaux escaliers pour mendier
L’enfer est sur Terre
Et le paradis aussi
Et le purgatoire
N’en parlons pas !
On n’a pas toujours le choix.
Je suis ici
Je suis là
Tendant la main
Pour on ne sait quoi
Du pain ou du vin
Ou les deux à la fois
Le mendiant est une âme
Désincarnée
De votre squelette
À l’heure des emplettes
Le mendiant c’est toi
Insatisfait de quoi
Tu ne sais pas
Mais tu sens bien
Que tu n’as pas tout
Les appâts pour tout
La muse à ton bras
Te colle pour des broquilles
Tandis que toi tu joues
Le grand jeu des durs
Mais le court bouillon est fait pour les couillons
De toutes espèces de mecaillons
Qui friment sans cesse
Pour une paire de fesses
Ou pour le million
Pierre Marcel MONTMORY - trouveur
PLACE BLANCHE
La place Blanche
Offre ses couleurs
À l’écrivailleur
De la boutanche
Il vide là le jour
Le fut de l’amour
La nuit qui a bu
Beaucoup de vertu
Quand vient dimanche
Les passants s’ennuient
Au bras de l’absence
Ils cherchent une amie
Alors la blanche
Rougit sa bouche
Roul’ ses hanches
Et fait des touches
Moi je reste assis
Quand le jour debout
Je suis encore saoul
De l’eau de la vie
Croyez mes amis
La nuit les pavés
Promènent partout
Mon pas assuré
Quartier réservé
Des aventuriers
Aguichent leur joie
Au zinc des malfrats
Le premier venu
Offre son salut
Aux gens d’la neuille
Que les bars accueill’
Regard silencieux
Bouche bavarde
De son mieux
Le temps s’attarde
La place Blanche
C’est un vrai rencart
Pour tous les tocards
Qui font la manche
Quête une présence
Oubli solitaire
Sur toute la Terre
La place Blanche
Pour l’ordinaire
Qui s’offre un extra
Et se fait la paire
Avec la nuit là
Pierre Marcel MONTMORY - trouveur
PIERROT
(Naissance d’un personnage)
Achète-moi une tour Eiffel. Y en a pas des merveilles comme ça, où je vais.
Le petit bonhomme tire sur la main de sa mère, pile sur la pointe de ses souliers, se cabre pour admirer la grande dame élégante dans sa dentelle de fer. Au-dessus de sa coiffe piquée d’antennes pour écouter l’Univers, le ciel n’est pas très haut.
Achète-moi une tour Eiffel.
C’était juste au réveil, au sortir du rêve, le ressac de la première vague du petit jour dans un éclat de lumière blanche.
Achète-moi une tour Eiffel. Je connais des merveilles et je vivrais de les avoir connues.
Le petit garçon pose un baiser dans le creux de sa main et souffle dessus vers la tour qui ne bouge pas d’un écrou. Il faut prendre un ascenseur pour lui baiser le cou à la dame de fer.
Le petit garçon tire plus fort sur la main de sa mère. Sa mère s’arrête, le regarde et il la voit moins grande que la tour. Sa mère : qu’est-ce que tu veux, Pierrot ?
Achètes-moi une tour Eiffel, je veux une tour Eiffel. Bon, d’accord Pierrot ; viens.
Sa mère lui offre ce qu’il veut le plus pour emporter là-bas, en souvenir de cette visite à dame Eiffel. Un bon souvenir où il y a maman quand il souffle un baiser pour la chance.
Il pensait bien qu’il allait revenir à condition d’emporter ce souvenir. La petite tour Eiffel dans sa poche deviendrait un porte-bonheur, plus tard, quand il se serait rendu à l’exil.
À l’exil de toute terre et qu’un jour, fouillant dans sa poche et trouvant un morceau de ferraille ouvragé, il aurait connaissance d’un lieu-dit où paraissent des merveilles et alors l’exil s’ouvrirait, comme l’île des milles merveilles.
L’aventure recommencerait. Et chaque jour, l’un après l’autre, à courir sur les rives au pied des merveilles.
Il frissonne un instant soumis à d’intenses émotions. Il se relève, debout, indéfiniment, dans la clarté blafarde de l’exil, exigeant au moins le souvenir d’une merveille. Une merveille à la mesure d’un homme.
La lumière se rallume à l’évocation du souvenir de la tour Eiffel. Des lignes de ses mains part une nouvelle dimension. Pour sculpter sa propre ombre, son exil infini.
Même sans icône, sans effigie, il lui faudrait créer le souvenir de sa propre merveille. Le petit homme encore primitif ne pense pas à cela, ou il ne pense qu’à cela, qu’à sa propre réalisation.
Sa pensée, à l’ombre de l’image, féconde la lumière d’autres mondes. C’est ainsi qu’il repeuple son exil et qu’il sent du même coup le sang vif couler par tout son corps et que son esprit recrée pour lui sa lumière. Une merveille promise offerte à son cou.
Pierrot rejette violemment le drap de dessus sa tête et bondit hors du lit, retombe sur ses pieds en poussant un cri bref pour chasser de son esprit les images qui le hantaient pendant son sommeil.
Il est maintenant vif et clairvoyant. Et déjà à la tâche. Il sculpte toute sa journée. Des tours Eiffel.
Pierre Marcel MONTMORY - trouveur