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Le blog de Pierre Montmory

L'ART D'ÉCRIRE

L'ART D'ÉCRIRE

L’ART D’ÉCRIRE

     Pour certain l'écriture est un exutoire pour y défouler leurs angoisses et se relire en se flagellant et pour d'autres l'écriture est un suppositoire pour sublimer le vide de leur tête quand leurs boyaux sont encombrés.   Pour le véritable écrivain cela est tout simplement un artisanat, un métier que l'on apprend et ne cesse de perfectionner et ce métier on l'exerce avec calme et rigueur. L'écriture est une discipline, c'est à dire qu'il faut apprendre d'abord à écrire comme les maîtres avant d'être capable de s'aventurer seul. Il vaut mieux commencer très jeune comme tous les arts de tradition, les métiers qui se transmettent par les maîtres et non point les professeurs ou spécialistes des écoles qui sont les ennemis de l'art et de la science. L'écriture devient petit à petit un masque de théâtre derrière lequel on observe et ressent le monde pour ensuite le traduire en termes éloquents. Ainsi, l'on peut gagner sa vie de ce métier si l'on est aussi bien écrivain publique pour écrire lettres et suppliques, que conteur pour inventer jolis mensonges, ou même poète et écrire en voyou.

     Le poète est un voyou qui emprunte les chemins interdits par l’habitude; le poète est un voyou qui déshabille la mode; le poète est un vagabond qui s’aventure sans les mots connus et usagés pour s’en procurer des nouveaux. Le poète saute sur la vague en évitant le creux des fossés et ramène des flots de si fabuleux trésors qu’on est ébloui de voir leur fraîche lumière. Le poète n’est pas celui qui se nomme tel mais plutôt un anonyme démuni et orphelin de tout qui invente sa vie et est indifférent au mépris des ombres qui le rabrouent pour sa funeste majesté. Le poète fait disparaître le passé et annule le futur.

     Si le poète écrit il le fait en marchant pieds nus dans le sable des vanités. C’est pourquoi ses biographes ne récoltent pas la semelle de ses chaussures. Le poète fabrique le temps et la mesure, et celui qui vient après ne fait que suivre sa trace. Ceux qui imitent le poète ne font qu’emprunter des pas déjà faits et se perdent en basculant d’une vie passée ressuscitée vers l’avenir de la mort apparue. Le faux est vrai quand le présent est absent. Le faux est vrai quand le cœur est indigent. Le vrai est faux quand il est maigre cadeau des muses anorexiques des génies trop bouillis à l’eau bénite des académies. Le vrai faux encombre les avenues de la célébrité où les fainéants creusent leur tombe dans les carrières.

     Ci-gisent mes pensées fraîches de ce matin qui vont faner avec le jour et dont je serai défait la nuit pour faire l’amour. C’est le prix des étoiles que, vagabond je récolte, en louvoyant désinvolte, d’une île à l’autre, portant mon exil à bout de bras. Les muses ondulent leurs chairs sur les débarcadères tandis que mon génie nage jusqu’à elles.

     À la prochaine marée je les emporterai dans l’arche de mon cœur comme heureux souvenirs de mon éternel bonheur d’aimer la vie avec les autres. Mais je ne ferai rien pour personne, je n’ai ni but ni désir, qu’un amour démesuré, un grand amour à contenir dans ma poitrine, le temps de la traversée, et, arrivé à bon port, je saluerai ma fiancée, et pour elle je chanterai des vers pleins d’arômes.

 

Pierre Marcel MONTMORY – trouveur de Paris

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