4 Mars 2019
HUMAINE DÉCHAUSSÉE
À l’âge de la prière, sans volonté
Ils vont, le cœur las, se sacrifier, un peu plus
Leur bon dieu leur donne du crédit à bon taux
Pour s’oublier ils doivent se lever très tôt
Le sommeil intérieur est leur seule vertu
Il faut ouvrir grand les yeux pour se révolter
Ils chôment à leur boulot ou travaillent pour
Garder leur place dans la file d’attente
Y a-t-il assez de pain sinon des planches
Pour enterrer les cœurs usés qui flanchent
Chacun traîne un dossier comme patente
Qui tire le rideau de nuit devant le jour
La Lune dorée des fous rouille les chaînes
Les dos las soutiennent les murs et les nuques
Courbées sur l’astre les visages flasques
Dans les flaques de vomi des rues fantasques
Les civilités aveugles des machines caduques
Donne aux monstres des mâchoires de haine
Qui n’est pas revenu du cauchemar ivre
La pensée troublée et des frayeurs dans le sang
Ignore les cités d’ombre où ruminent
Troupeaux égarés dans l’état de vermine
Des corps humains debout sans tête pourrissant
L’agonie sans fin des questions pour survivre
Adieu festins, au diable les misérérés,
Bienvenue les petites morts, les faux héros
Pauvres victimes du sort et à leur bourreau
Nous cultiverons ces charniers de la guerre
Il n’est jamais le temps d’être nécessaires
Oublions-nous et gardons nos envies chères
Bonjour l’arnaque, salut l’embrouille, catin :
Braque ton destin, tue, mange ta tripaille
Au paradis des malins bénis canaille
Les polices défroquées, les sales putains
Sous le bonnet miteux des académiciens
Forniquent la gloire et l’honneur des chiens
Je suis parti sans rien laisser qu’une laisse
Au bras séculier des marâtres de la mort
Et ces souteneurs qui m’ont volé tous mes torts
M’ont débarrassé de l’humaine détresse
De la manie de mentir à la confesse
J’ai pu sauver ma peau et toutes mes fesses
À l’âge de la prière, sans volonté
J’ai quitté la boue du malheur et la noirceur
Pour voler sans ailes mais porté par mon cœur
Arrivé au point de départ pour y rester
Me coltinant joyeusement avec l’éternité
Je n’ai pas vu passer les jours sans un amour
Pierre Marcel Montmory trouveur