14 Juin 2020
LA FIANCÉE
Oui, j’ai rêvé que tu enlevais ton voile
Et ta chevelure jaillissait au soleil
Pendant que ta bouche rougissait vermeille
Ton nez éloquent toisait l’air vif sans pareil
Oui, j’ai rêvé que tu enlevais ton voile
Et tes yeux brillants reflétaient le ciel
À ton front pendait une mèche rebelle
Tes pommettes en sang roulaient pêle-mêle
Oui, j’ai rêvé que tu enlevais ton voile
Et ton rire se confondait à mon rire
Nos bras s’ouvraient pour l’un à l’autre s’offrir
Ne soit plus sans paroles pour jamais mourir
Oui, j’ai rêvé que tu enlevais ton voile
Et nous deux au soleil devant les étoiles
Dans l’Univers des solitudes banales
Nous dansions gaiement à notre premier bal
Oui, j’ai rêvé que tu enlevais ton voile
Soudain le ciel s’ouvrait et le tonnerre
Et les éclairs et le déluge sur la Terre
La pluie noire d’encre et de sang amers
Oui, j’ai rêvé que tu enlevais ton voile
L’orage déchirait ce morceau de toile
Et froissait ta parure originale
Dans une orgie d’injures dites par des vestales
Oui, j’ai rêvé que tu enlevais ton voile
Mais à mon réveil tu n’étais plus fiancée
Des humains en colère t’avaient frustrée
De mon vrai amour éternellement damné
Oui, j’ai rêvé que tu enlevais ton voile
Sur la place publique ils m’ont mis aux fers
Vaine ma supplique aux bourreaux de l’Enfer
Le rêve est permis quand on vit sous la terre
Oui, j’ai rêvé que tu enlevais ton voile
Et ta chevelure jaillissait au soleil
Amoureux de vivre j’étais sans pareil
À boire à ta bouche le vin de la treille
Oui, j’ai rêvé que tu enlevais ton voile
Je marche dans le grand désert des humains
Couronne sur la tête une lyre à la main
Te délivre avec mon poème de vilain
Pierre Marcel MONTMORY trouveur