Femme, réveille-toi ; le tocsin de la raison se fait entendre dans tout l'univers ; reconnais tes droits. Le puissant empire de la nature n'est plus environné de préjugés, de fanatisme, de superstition et de mensonges. Le flambeau de la vérité a dissipé tous les nuages de la sottise et de l'usurpation. L'homme esclave a multiplié ses forces, a eu besoin de recourir aux tiennes pour briser ses fers. Devenu libre, il est devenu injuste envers sa compagne. O femmes! Femmes, quand cesserez-vous d'être aveugles? Quels sont les avantages que vous avez recueillis dans la révolution? Un mépris plus marqué, un dédain plus signalé. Dans les siècles de corruption vous n'avez régné que sur la faiblesse des hommes. Votre empire est détruit; que vous reste-t-il donc? La conviction des injustices de l'homme; la réclamation de votre patrimoine, fondée sur les sages décrets de la nature. Qu'auriez-vous à redouter pour une si belle entreprise?
Olympe de Gouges,
Déclaration des Droits de la Femme et de la Citoyenne :
http://www.siefar.org/docsiefar/file/Gouges-D%C3%A9claration.pdf
(Chant de femme extrait du roman de M.DIB ‘’La grande maison’’)
Quand la nuit se brise
Je porte ma tiédeur
Sur les monts acérés
Et me dévêts à la vue du matin
Comme celle qui s’est levée
Pour honorer la première eau ;
Étrange est mon pays où tant
De souffles se libèrent,
Les oliviers s’agitent
Alentour et moi je chante :
Terre brûlée et noire,
Mère fraternelle.
Ton enfant ne restera pas seule
Avec le temps qui griffe le cœur ;
Entends ma voix
Qui file dans les arbres
Et fait mugir les bœufs.
Ce matin d’été est arrivé
Plus bas que le silence.
Je me sens comme enceinte,
Mère fraternelle,
Les femmes dans leurs huttes
Attendent mon cri.
Les femmes dans leurs huttes
Attendent mon cri.
Pourquoi, me dit-on, pourquoi
Vas-tu visiter d’autres seuils
Comme une épouse répudiée ?
Pourquoi erres-tu avec ton cri,
Femmes, quand les souffles
De l’aube commencent
A circuler sur les collines ?
Moi qui parle, Algérie.
Peut-être ne suis-je
Que la plus banale des femmes
Mais ma voix ne s’arrêtera pas
De héler plaines et montagnes ;
Je descends de l’Aurès,
Ouvrez vos portes
Epouses fraternelles.
Donnez-moi de l’eau fraîche,
Du miel et du pain d’orge.
Je suis venue vous voir,
Vous apporter le bonheur,
A vous et à vos enfants ;
Que vos petits nouveau-nés grandissent
Que votre blé pousse,
Que votre pain lève aussi
Et que rien ne vous fasse défaut,
Le bonheur soit avec vous.
Paroles de Mohammed DIB
Quoi ! il y a un être, un être sacré, qui nous a formés de sa chair, vivifiés de son sang, nourris de son lait, remplis de son cœur, illuminés de son âme, et cet être souffre, et cet être saigne, pleure, languit, tremble. Ah ! Dévouons-nous, servons-le, défendons-le, secourons-le, protégeons-le ! Baisons les pieds de notre mère !
Avant peu, n’en doutons pas, justice sera rendue et justice sera faite. L’homme à lui seul n’est pas l’homme : l’homme, plus la femme, plus l’enfant, cette créature une et triple constitue la vraie unité humaine. Toute l’organisation humaine doit découler de là. Assurer le droit de l’homme sous cette triple forme, tel doit être le but de cette providence d’en bas que nous appelons la loi.
Redoublons de persévérance et d’efforts. On en viendra, espérons-le, à comprendre qu’une société est mal faite quand l’enfant est laissé sans lumière, quand la femme est maintenue sans initiative, quand la servitude se déguise sous le nom de tutelle, quand la charge est d’autant plus lourde que l’épaule est plus faible : et l’on reconnaîtra que, même au point de vue de notre égoïsme, il est difficile de composer le bonheur de l’homme avec la souffrance de la femme.
Léon Richer