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Le blog de Pierre Montmory

UN BASTRINGUE À MARLOUS

Le plus têtu des humains ne sera pas capable de faire une goutte de la rosée du matin, ni un seul rayon de soleil au couchant.

Le plus têtu des humains ne sera pas capable de faire une goutte de la rosée du matin, ni un seul rayon de soleil au couchant.

UN BASTRINGUE À MARLOUS.


Le poète est le Créateur, l’Éternel poète.
Le trouveur n’est que son scribe obligé.
Le plus têtu des humains ne sera pas capable de faire une goutte de la rosée du matin, ni un seul rayon de soleil au couchant.
On dit le poète a toujours raison parce que le mot poète signifie : celui qui fabrique. Et seul ce qui est fabriqué est vrai, même le faux!
Et qui possède le souffle du vent ?
Qui, la douceur de l’eau ?
L’humain a la parole facile mais il peine à faire une seule trace dans le sable !
Heureux le scribe qui s’applique à se taire avant d’écrire ce qui sera la révélation !
Le manuscrit d’un scribe méticuleux peut donner à sa lecture l’apparence du réel. Apparence telle que l’idiot pressé de posséder tout savoir déforme les mots et tord le sens. Apparence de réel telle que l’intelligent discourt sans attendre la fin de la lecture du manuscrit.
Malheur à celui qui fait trébucher le porteur de parole.
Malheur à celui qui rompt le cercle du poète avec les gestes de l’idiot; les mots des sots.
Ridicule celui qui dit qu’il exerce la profession de poète !
Comme si le poète était un ouvrier fabricant des poèmes en série sous les ordres d’un patron; comme si le poète pouvait être un artisan qui fit poème sur mesure !
Trompeurs que ces professionnels ramasseurs d’argent et de titres prétentieux !
Dans la vie, dans la poésie, ils ne sont que des trouveurs de poèmes, les humbles déchaussées qui hantent les déserts sous les sables, qui flânent à moitié nus derrière les vents, errent décoiffés dans le feu de la douleur ou repeignés dans la joie de vivre, mais toujours sacrifiés pour dire ce qu’ils sont obligés de dire.
Ignorant qui voudrait ressembler à un de ces trouveurs.
L'ignorant est trop peureux pour ignorer la peur qui fait trembler la main chargée du poids du stylo du scribe qui doit dompter l’encre de son propre sang, l'encre bleue et noire et instable comme le flot des océans.
Le trouveur de n'importe où embarque sans connaissance du cap ordonné par les dieux et ne voit que la proue de son bateau pour appareiller au hasard. Et c’est après bien des courses où il ne s’est confié qu’aux vents de son inspiration que le trouveur juge le cap de son espérance - quand un port au loin lui ouvre les bras, et sur ses quais y dépose sa cargaison de trouvailles qu’il est bien heureux d’avoir transportées saines et sauves jusque-là. Et les muses qui le trompaient par le jeu de leur charme pendant qu’il naviguait, les muses sont là sur le quai en vestales et le poussent vers ces estaminets pour y boire et pour la gaudriole. Des mendiants déguisés et braillards lui donneront soif en sautant sur les bancs, le spectacle aguichant ses bourses, lui feront voir Morphée et la Grande Ourse dans le ciel étoilé d'un bastringue à marlous.
Le poète est le Créateur, l’Éternel poète.
Le trouveur n’est que son scribe obligé.

Pierre Marcel Montmory - trouveur

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C
Le trouveur de mots c'est embarqué dans son amour des lettres.<br /> Bonne soirée<br /> @mitié
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