6 Avril 2017
S O R T I D E L A M E R
Sorti de la mer il échoue sur le gravier
D’une terre où son écueil se disperse
En morceaux de son être comme des îles sœurs
Il se ramasse comme le reflux contre les rochers
Comme le flux pour marcher le monde en chantier
Quand le pied des humains façonne rêve
Et chemins ouverts sur l’aventure des esprits
Sorti de la mer tel le magicien surpris
Par l’invention qui lui survivra au glaive
Des miettes de pains dispersées dans le vivier
À d’improbables mouettes de s’approcher
Pour un vol reconnaissant le piège de la peur
De retourner dans le néant des averses
Tandis qu’il culbute sur des masques entiers
Les roches muettes bavardent sous les traits
Du ciseau expressif d’un poète discret
Qui a taillé les portraits de forts caractères
Dont les épopées sont rendues à la terre
Ou bien leur histoire s’ingénie dans les parages
Tandis qu’il essaie d’en déchiffrer les adages
Le vent l’enveloppe comme un habit de soie
Et le bruit des vagues qui vous ramène à soi
La musique du présent éternel dans le chœur
Même de l’horizon s’approche comme un acteur
Pour jouer sur une scène le sable coulant de ses mains
La sérénade des nuits jusqu’à l’adieu des matins
Aux amants perdus les jours brûlants leur fièvre
À l’ombre de l’encre versée les poèmes d’orfèvres
Sorti de la pierre le masque défie le temps
Malgré ses entailles il se moque des vents
Et toutes les eaux et la terre sur sa tête
Ne pourront ignorer l’arrogance muette
De ces solides soldats paisibles insurgés
Qui ne connaissent que les vents et les marées
Les étoiles les suivent comme des filles charmées
Et le capitaine poète leur chante des mélopées
Que seuls les solitaires écueils s’écartent
Pour leur délivrer bon chemin pour leur barque
Tandis que les dieux en colère frappent le vide
Le ciel laisse gueuler le tonnerre stupide
Après quoi la pluie après elle le beau temps
Les marins gagnent la quille les filles vont chantant
Pierre Marcel Montmory - trouveur
Sculptures de Nizar Ali Badr