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Le blog de Pierre Montmory

L’UTOPIE ACTIVE

Nous avons besoin dans l’art d’une transformation, d’un plus, de quelque chose qui soit plus vivant que la vie.

Nous avons besoin dans l’art d’une transformation, d’un plus, de quelque chose qui soit plus vivant que la vie.

L’UTOPIE ACTIVE est l’esprit fondateur de la création contemporaine, de l’art du présent.
Nous changeons, mais nous restons aussi les mêmes. Nous mûrissons, nous gagnons en complexité, en compréhension, en lucidité et en vérité. Nous espérons ne rien perdre, en enfance, en idéalisme, en tout ce qui agace. Nous gardons le désir d’idéal qui est celui que nous avions en naissant.
Nous disons bien idéal, et pas idéologie.
Nous participons activement à la naissance de chaque jour.
Nous vieillissons ensemble !

Il faut savoir quelle conception de l’humanité nous soutenons.
L’humanité n’est pas mauvaise, mais il existe du mauvais dans l’humanité.
Si l’art ne fait que montrer la face sombre de l’humanité, alors il n’est pas révélation. Nous sommes tous conscients de l’horreur du monde, ce que parfois nous oublions ce sont justement les possibilités d’amélioration, à travers ce qu’accomplissent les êtres humains qui tentent et parfois réussissent à transformer les choses, à travers toutes sortes d’actions qui luttent contre les maux qui nous oppressent, qui peuvent être extérieurs, mais aussi intérieurs ou intériorisés. Si on ne parle que du mal, on finit par lui ériger des statues. Ce n’est pas être naïf ou niais de dire cela. Au contraire, percevoir l’efficacité de ces infimes combats, de ces minuscules constances, nécessite une grande lucidité. Nous croyons à l’efficacité des petites gens que nous sommes, à notre capacité de rassemblement et d’action à notre échelle, minime mais pas insignifiante.

Une manière de résister au pessimisme.
Aller au théâtre, au cinéma, lire un livre, emmener ses enfants voir une exposition ou écouter un concert : c’est une affirmation, une résistance, d’autant plus dans une société menacée par le terrorisme.
La Résistance, c’est l’optimisme.
Des hommes et des femmes de l’ombre s’engagent, au plus profond de l’horreur, à un moment où de l’avis de tous mis le mal ne peut être que victorieux, ces gens peuvent être qualifiés d’idéalistes forcenés. Ils croient à l’incroyable et ce sont eux qui ont raison.
C’est pourquoi il est important de cultiver notre fraternité contre les bâtisseurs de murs vénéneux, à l’extrême droite comme à l’extrême gauche.

Nous avons besoin dans l’art d’une transformation, d’un plus, de quelque chose qui soit plus vivant que la vie.
Les jeunes ont un besoin très fort d’amitié, de travail collectif. Soyons à ces projets rêveurs, originaux et un peu fous. Actuellement nous sommes éduqués et donc conduits à la méfiance, au soupçon, bref, au sourd refus préalable à toute écoute sincère. Les artistes en général ont besoin de pratiquer l’observation, pénétrante certes, mais aussi la confiance, et même la crédulité. Sinon, les cœurs et les esprits se claquemurent dans le préjugé, la peur, donc l’arrogance, et plus rien n’est possible de ce qui est essentiel à une relation humaine.

L’éducation, l’initiation à la beauté, à l’émotion, à la notion de métaphore : la beauté sauvera le monde. L’éducation à la beauté, la persistance du désir de beauté, la conviction que la beauté existe sauvent le monde.
Les discours de mise en question systématique de la beauté conduisent d’ailleurs à une relativisation destructrice. Certaines œuvres expriment clairement une impuissance artistique et sémantique. Fondamentalement, la beauté se différencie, se reconnaît, même s’il y a toutes sortes de conceptions de la beauté. Et l’art, c’est du boulot !

Nous sommes inondés de convictions, d’opinions, d’émotions, d’indignations qui ne sont pas de la connaissance. En ce moment, ce qui est difficile, c’est que nous avons l’impression de ne voir qu’un ou deux rouages sous notre nez sans comprendre ce qui est lointain, sans appréhender l’ensemble des mécanismes.
L’art est métaphore, une transformation du réel. En représentant le monde, il approfondit, il éclaire, il ouvre, il déploie, il déplie. Nous recherchons dans l’art une forme de vérité, pas le réalisme qui est un non-art. Si on ne voit dans l’art que ce qui est, pourquoi se déplacer ? Nous avons besoin dans l’art d’une transformation, d’un plus, de quelque chose qui soit plus vivant que la vie.

www.poesielavie.com
- d’après Ariane Mnouchkine du Théâtre du Soleil

photographie : "L'acrobate ou l'homme retourné"
- grand tympan de la Pentecôte 1120-1140
- narthex de la basilique Sainte-Marie-Madeleine de Vézelay

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T
J'aime beaucoup cette reflexion...l'art et l'amour ont ce point commun d'etre "plus vivants que la vie"
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