3 Janvier 2020
Le pouvoir des femmes.
Il faut toujours te méfier des femmes et ne jamais les sous-estimer mon fils !
Ne jamais croire que tu puisses égaler une femme en ruse ou en sagesse.
Ne jamais penser que tu puisses avoir le dernier mot.
Ne l'oublie jamais là où tu peux être et par tous les temps...
Le pouvoir des femmes, oui le pouvoir tu t'en rappelleras n'est-ce pas ?
Le jeune homme ne croyait pas ses oreilles, il laisse le vieux mendiant au bout d'une sombre rue et décide de poursuivre son voyage.
Il n’arrêtait pas de se demander de quel pouvoir pouvait disposer une femme ?
Dans ces contrées où il n'y a que des femmes en ombre ou des ombres de femmes.
Les seules femmes qu'il a rencontrées au cours de son long voyage ne semblent détenir que le pouvoir de baisser la tête au passage des hommes jusqu'à se confondre dans le décor ocre des pierrailles de toutes les ruelles sombres.
Son cheval commençait à montrer des signes de fatigue.
Lui-même sentait sa gorge brûler et ses lèvres cuire sous un soleil de plomb qui donnait à la poussière la couleur des flammes d'un brasier.
Il mit pied à terre tenant le cheval par sa bride...
Il tire la corde au bout de laquelle surgit une outre pleine d'eau fraîche qu'il versa dans une petite auge en pierre à côté du puits pour abreuver son cheval d'abord.
Désaltéré à son tour il s'aperçut enfin qu'une vielle femme est venue remplir ses nombreuses cruches. Elle attendait seulement qu'il cède la place. Et comme pour se faire pardonner de l'avoir faite attendre, Il s'empresse de l'aider à tirer l'eau du puits et en profite alors pour entamer la discussion.
Après quelques palabres d'usage et quelques formules de politesse il lui demande:
- Qu'est ce que le pouvoir des femmes dites-moi s'il vous plait !
- Le pouvoir des femmes ?
- Oui, grand-mère, le pouvoir des femmes !
Il n'a eu que le temps de finir sa phrase: la vieille femme se mit à pousser des cris stridents appelant à l'aide en direction d'un campement de tentes couleurs sable.
- Mais que vous arrive-t-il, je ne vous ai rien fait, s'il vous plait vous allez me faire tuer !
Rien n'y fait, elle redoubla de force pour appeler ses enfants sous la tente à portée de voix et seulement à quelques galops de cheval.
Le jeune homme se mit à trembler quand il vit la poussière se lever autour de cavaliers venus le sabre entre les dents et l’œil mauvais.
-De grâce grand-mère faites quelque chose, ne les laissez pas me tuer !Avant même que ses enfants n'arrivent sur les lieux la bonne vieille prit alors une cruche pleine et s'imbiba de la tête aux pieds.
- Que vous arrive-t-il mère, qu'est ce qui s'est passé ?
Le sabre à la main et l’œil méchant ils n’attendaient qu'un mot pour laver leur honneur et trancher la tête de l'intrus.
- Vous venez toujours en retard sales garnements : sans l'aide de ce courageux cavalier j'aurais pu me noyer dans ce foutu puits !
Calmés, ils mirent pied à terre pour saluer et remercier l'inconnu qui venait de sauver leur mère.
Il devait accepter l'hospitalité bédouine et rester se restaurer sous la tente.
La vieille femme, l’œil moqueur, s'approche alors de lui et lui murmure à l'oreille:" Le pouvoir des femmes mon fils c'est de pouvoir vous tuer d'une main et de vous sauver la vie d'une autre..."
Le pouvoir des femmes, vous vous en souviendrez ?
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