14 Février 2020
Toi derrière tes yeux, moi à la fenêtre
J’étais ce merle venu te charmer
À la fenêtre tu étais penchée
Sur un jardin de fleurs embaumées
Par un printemps parleur amouraché
J’étais ce vent doux caressant ta peau
Toute nue dans ta robe de rose
Je te disais garde bien la pose
Je dessinais tes courbes comme l’eau
J’étais ce rayon de soleil rieur
Comme une tendre épine au cœur
Une larme fraîche tombée à pique
Ta lèvre frémissait de panique
J’étais cet amoureux non prévenant
Apparu au sortir de ton rêve
Et dans tes grands bras bouillant de fièvre
J’ai roulé ma peau de tambour battant
Je suis un chevalier errant sans nom
Je me suis, seul, perdu dans tes chemins
À ta promesse je n’ai pas dit non
Pour toujours tu ignores mon chagrin
J’étais ta jeunesse éternité
Et ta vieillesse la gracieuseté
Nos chandelles brûlées par les deux bouts
Ô, le regret est bien amer et doux !
J’étais ta rencontre étrangère
Familier de tes rêves en pensées
Cœur naïf ardent d’une bergère
Tu as conquis un prince innocent
Nous voici reine et roi en exil
Chaque solitude a son île
Archipel le pays de nos amours
La mer de toutes les terres autour
Nous sommes en compagnie intime
Le toi et moi unis dans l’infime
Quand la vague soustraite au rocher
Efface dans le sable les baisers
Tu étais moi-même je te cherchais
Sur les rives des dures tempêtes
Où beaucoup de marins disparaissaient
Au vent, debout, la muse inquiète
Et nous voici, nous deux, au rendez-vous
Toi derrière tes yeux, moi à la fenêtre
Et un merle noir chante comme fou
Cette joie de vivre qui veut être
Nous serons dans le vent toute saison
Rien ne nous ressemble que l’inconnu
Le ciel volage plus que de raison
Aime pour aimer jusqu’à ta venue
Pierre Marcel Montmory trouveur