30 Novembre 2020
À L’ADAB
J’écris mes vers à pieds
La Terre roule sous mes souliers
La houle d’un vin coule d’un moule à lettres
Je sens l’évidence qui va naître
J’ouvre les rideaux à la vedette
Elle lance son premier geste
La chanteuse reste muette
La bouche ouverte
Le vent souffle la fin
D’un vers qu’elle renverse
La créature hurle au vent
Sa douleur son tourment
Alors je fredonne en marchant
Un air du temps mauvais
La voix cassée d’un rossignol
Sur une pierre du désert
Se chauffe un serpent
Mon ombre passe
Je n’arrête jamais
Jusqu’au suivant
Qui mangera mes vers
La mort en cheminant
Relève les gisants
Mon cœur chante
Debout et en route
Sur l’île tranquille
Va éternellement
Je suis né trouveur
Et bon enfant
Pour filles de chœur
Je vais à l’adab
Faire mes politesses
Au diable les compliments
Mes mains caressent
Le roseau du calame
Que le jour a blessé
Pierre Marcel Montmory trouveur