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Le blog de Pierre Montmory

THÉÂTRE POPULAIRE ITINÉRANT

THÉÂTRE POPULAIRE ITINÉRANT

… Petit cours d’art de vivre

… Avant-hier, nous, les artistes, nous vivions tous dehors, et nous exercions notre art au milieu du peuple, et parfois dans quelques maisons, lorsque nous étions invités, et même dans des châteaux où l’humeur de nos hôtes étaient à ménager avec la même adresse que sur la place publique où les argousins officiaient. Et des interdits étaient édictés qu’il fallait respecter sous peine de réprimande plus ou moins pénible. Fallait la fermer sur tel ou tel sujet, s’abstenir de prononcer des noms, ou éviter de faire certains gestes jugés obscènes, ou de prendre quelques attitudes grossières - tandis que le vulgaire autorisait le bourgeois à user de sa rapière pour cacher les corps et masquer les visages des farceurs. Nous étions faits à l’usage du cache-cache avec les fonctionnaires de la répression qui veillaient à l’idéal en cours à la bourse des Avares. Si nous devions nous taire, nous usions de grimaces et mimions nos chansons; si la chanson de geste était proscrite, nous nous cachions derrière le décor et nos marionnettes nous remplaçaient pour faire la nique à la censure…

… Hier, un bourgeois déguisé en monsieur tout le monde, qui se grisait de l’ambiance popularde d’un marché, entendit soudain des cris, des aboiements, des rires; venant d’un endroit de la foule, et, surpris par cette nouveauté, il ordonna à ses valets de faire passage au milieu des gens qui se pressaient vers l’endroit d’où émanait un curieux désordre. Ce bourgeois propret et à l’air bonhomme, se trouva arrêté au bord de la foule en cercle autour de deux gueux, un mâle et une femelle, qui se vautraient et  s’agitaient dans la poussière en poussant des grognements. Bien étrange spectacle de deux sauvages - mais, le plus extraordinaire était l’accessoire posé sur le sol et qui faisait tinter le bruit luisant des pièces de monnaie qu’y jetait la foule amusée. À la vue des espèces sonnantes et trébuchantes, le bourgeois se pâmait. Les gueux s’emportaient. Le monsieur ordonna que l’on bâtit quatre murs sur le cercle de cette foule, il y fit creuser une porte et fit écrire au-dessus : « Entrée 1 franc ». Puis, de ville en ville, le roi l’apprenant, tous les baltringues du royaume se mirent à rêver de jouer un jour à la cour…

… Hier des familles de saltimbanques – qui du saut sur un banc apprirent la déclamation, inventèrent des machines à opérations qu’ils appelèrent théâtres en souvenir des armées emportant les patrimoines et, ces machineries de théâtres furent construites par des menuisiers de la marine  et des travailleurs habitués à tous les vents – tous les vents portant toutes les langues, et alors, sur les boulevards, les comédiens du grand théâtre de la vie exerçaient leur art devant tout le monde esbaudi.

… Aujourd’hui, il n’y a plus que l’Argent qui parle et les prétendants à l’art ont oublié tout le monde, c’est-à-dire le public qui allait sur les places, ouvrait sa fenêtre pour écouter les goualeurs. Les poètes se sont claquemurés dans leurs salons et du fond de leur sofa imaginent en creux ce que serait la vie sans eux près des idoles et des dieux de pacotilles vendus pour des broquilles au marché des esbroufes. Et le public diversifié pour être divisé en clientèles tend aux faux artistes des brassées de foin pour remplir leur écuelle de suffisances. Les argousins se nomment agents culturels pour faire valser la ritournelle des réglementations. Les vrais poètes nés se suicident dès leur premier vers mais, méfiez-vous encore, ils sont magiciens du verbe et croque-fontaine. Les poètes ne bavardent pas et n’ont point de projet et ils ont toujours raison : car ils fabriquent ce qu’ils doivent et offrent leur génie aux muses qui jamais ne dorment, ni l’amour jamais mort.

 

Pierre Marcel MONTMORY trouveur

THÉÂTRE POPULAIRE ITINÉRANT
(Ils ont tourné sur les places de France et ailleurs de 1986 à 2000)

(Ils ont tourné sur les places de France et ailleurs de 1986 à 2000)

ON VIT COMME ON PEUT

 

On vit comme on peut, on vit notre misère

On n'aura jamais le temps de tout comprendre

Et l'on s'en ira avec notre mystère

Dans la vie c’est bon d’apprendre à tout prendre

 

Pis l’on fera tout avec ce qu’on ramasse

Des brins de pluie des chagrins des miettes de pain

Des fleurs avec des mots une joie avec rien

Pauvreté a ses richesses qu’on entasse

 

Pis au jour dit à l’heure grave on dira oui

J’accepte mon renvoi c’est mon tour de savoir

D’où que je viens pour faire une bon’ histoire

Et mes amis me verront partir l’air surpris

 

Et c’est où qu’on s’en va quand on a plus de nom

Dans le cœur d’mes amis j’serai au paradis

On parlera de moi à l’imparfait : « C’tait lui !

« Parfois injuste mais souvent il était bon ».

 

Oh, je regrette mon arrivée dans cett’ boue

Je suis tombé des grandes eaux de ma mère

Et mon père me releva me mit debout

Mes yeux frais ouverts contemplaient le mystère

 

J’ai bu le lait des jours et des nuits l’alcool

Poète j’étais savant sachant mon très peu

Suffisant pour errer autour de l’école

Me méfiant des ordres et des appels au feu

 

Je survivrai à ma mort tant j’aurai vécu

Donnant mon poème à la science innée

Des amis avec qui je parle à voix nue

Sans contrat je tiens parole à l’amitié

 

Bel ouvrage ou je préfère ne rien faire

La terre et l’eau contiennent mes beaux reflets

Et le Soleil et les vents seront mes seuls regrets

La mort n’a point d’horizon ni rien à faire

 

Je prépare mon départ et mes arrivées

En chemin au hasard remplis mes valises

Pour offrir mes trouvailles là où ils lisent

Les visages nouveaux des pays à charmer

 

On vit comme on peut, on vit notre misère

On n'aura jamais le temps de tout comprendre

Et l'on s'en ira avec notre mystère

Dans la vie c’est bon d’apprendre à tout prendre

 

Pierre Marcel Montmory trouveur

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