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Le blog de Pierre Montmory

REGARDE PAR TOI-MÊME AVEC TES PROPRES YEUX

REGARDE PAR TOI-MÊME  AVEC TES PROPRES YEUX

REGARDE PAR TOI-MÊME

AVEC TES PROPRES YEUX.

     Une philosophie du mouvement, le détournement d’horizon :

     Nous, les vagabonds, nous ne souhaitons ni être reconnus, ni intégrés, ni avoir de la paix, de la reconnaissance ou de la pitié. Nous n’avons pas besoin d’une carte de séjour, de travail, d’une carte géographique pour savoir d’où nous venons, qui nous sommes et où nous allons. Nous ne nécessitons pas de carte de crédit, ni de visa.

     Toutes les marges du monde.

     Il nous faut inventer notre univers.

     Partons- vers nous-mêmes.

     Le système est en faillite, il est dans l’abime.

     Il n’y a que les marges du monde et les marges de la douleur qui lui amènent un renouveau. Venons  avec notre misère qui est notre richesse

     Dans le désert des villes, des cités et dans la nasse des frontières.

     Hommes libres interrompus dans leur parcours et jetés dans l’abîme. Des hommes privés de chez eux et privés d’eux-mêmes, comme ceux qui échouent dans les décharges de l’histoire - c’est-à-dire ce qui n’est pas immédiatement visible, l’obscur qui contient toutes les potentialités, le réservoir d’où germeront les nouveaux souffles.

     Un regard de ténèbres.

     Les chaînes qui ne viennent pas seulement du système, mais de soi-même également, parce que quand on est alignés, on suit la logique du monstre.

 

     Qui brille de beauté ?

     C’est toute la gamme des corps sans couleur - mais la couleur des profondeurs, celle de l’intérieur, qu’on ne voit pas avec les yeux de la tête.

 

     Asiles, chaînes de fer et de feu, prisons.

     Qui habite sa terre ?

 

     Qui demande juste la liberté de vivre ?

     Mais qui est emprisonné ?

 

     Visions atomiques du résistant en mouvement.

     Quel genre de fardeau portez-vous aujourd’hui ?

     Celui d’être accablés, morts vivants.

     Reste le regard et le souffle.

 

     Le souffle et le regard, une alchimie de la révolte, pour prolonger cette essence, pour qu’elle soit insaisissable, difficile à broyer, difficile à canaliser, à contrôler par l’oppresseur.

   Prenons ce qui est indestructible en nous.

     Le souffle et le regard que nous portons sur nous-mêmes et sur les choses ne sont pas faciles à emprisonner. La poésie nous aide à les raccommoder, à les prolonger, à les hisser, à leur faire des attelles, à les synthétiser avec d’autres souffles ou d’autres regards.

     De temps en temps, c’est le souffle qui précède le regard, d’autres fois, c’est le regard qui avance avant le souffle.

     Qui dit regard dit conscience. Tout ce qui vous a marqué, faites-le vôtre et tout ce qui vous appartient, dépassez-le encore pour un nouvel apport.

 

  L’avortement, c’est la bombe des pauvres.

     Tous avortons, grenades à jeter à la figure de ce qui nous fait avorter, c’est-à-dire qui nous stérilise. Transformons en outil de résistance les avortons que nous sommes devenus.

Avorter, ça veut dire ne plus avoir d’horizon, parce que cet horizon est étranglé.  Pourquoi mettre un être au monde, lui donner la vie, du moment où il ne pourra pas vivre ? Il faut recycler l’avorton face à la figure de ce crépuscule de plomb.

     Parce que, même l’aurore, l’aube qui va venir, n’est pas au rendez-vous. Elle a été assassinée.

     Les avortons seront une lumière qui remplacera l’aurore, parce que cette aurore est stérile. Elle est morte.

     Compter sur ce que nous avons. Même nos tares, même notre handicap, devenir notre propre force.

     Si notre visage est défiguré par les regards haineux, notre visage est à imposer.

     L’humain est jeté à l’égout !

     Le silence et l’infini.

     La finitude de l’humain.

     Le silence embrasé.

     Humain dressé, terre de l’oubli, du silence, de l’absence.

     Le désert c’est nous-mêmes, notre horizon mobile. La mort dans son linceul et la vie en même temps.

     Silence et dynamisme des choses, dépouillement, à nu toute vanité, toute prétention de s’approprier l’infini.

    Désert, le corps-horizon fugitif se projette et se multiplie à l’infini, se révolte, s’éteint et renait, hors du temps et de l’espace.

     Le mirage en mouvement.

     Le corps, un radeau entre différentes rives, entre l’existence et le néant. Le désert, un trait d’union fusionnel.

     Désert farouche, ne se laisse pas domestiquer, aucune limite, aucune définition.

     Corps mobile, mouvant, changeant, que l’on ne peut pas nommer.

     Le corps, l’imaginaire.

  L’imaginaire corps ne nous appartient pas.

     On peut le forcer, le corps désert ne nous appartient pas !

     Les animaux voisins immédiats, et les végétaux, et toutes les choses ! Figure de l’Autre avec qui nous pouvons échanger et qui nous constituent.

     Ah, la vie existe encore !

 Cette présence si importante, c’est l’Autre !

     Se sentir soi-même exister.

Plein de vie, plein de force, plein d’émotion.

     Théâtre de la poésie.

     Parole qui ricoche, explose et part en toutes directions - se regarde par elle-même avec ses propres yeux, consciente et fière de ce qu’elle est, elle-même.

     Invente une langue, un souffle.

     Des atomes en mouvement.

     En mouvement :

     Nos corps tatoués, notre alphabet, peuple du signe des visions, des horizons, des sons et des formes.

     Le signe, un corps.

     Le son de la voix pour toutes les choses.

     Le verbe provoque l’émotion, réveille l’imaginaire, et donne le sentiment.

     Le travail de la parole pour rendre des choses qui ne sont pas formulées, mais qui existent.

 

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