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Le blog de Pierre Montmory

SANS VOIX LIBRE, LA CITOYENTÉ MEURT EN SILENCE

SANS VOIX LIBRE,  LA CITOYENTÉ MEURT EN SILENCE

SANS VOIX LIBRE,

LA CITOYENTÉ MEURT EN SILENCE

Il y avait cet homme, assis au milieu de la place, d'une apparence  délabré, mais il porte en lui une dignité intacte. Son corps fatigué cache peut-être une âme brillante, une histoire bouleversante, ou une vérité à dire.

Un carnet usé à la main. Il ne criait pas. Il ne haranguait pas la foule. Il parlait simplement, avec calme, comme s’il s’adressait à l’Histoire elle-même.

Autour de lui, quelques passants s’étaient arrêtés, intrigués. Ce qu’il disait n’avait rien de spectaculaire : il parlait de justice, de vérité, d’une école qui inflige à nos enfants le  le martyre, d'un hôpital qui par manque de moyens, guerri par la mort, d’une rue où l’on marche dans l’ombre de la peur et du silence. Mais dans son regard brûlait quelque chose qu’on ne voit plus souvent : la citoyenneté vécue, incarnée, courageuse.

— Un citoyen, disait-il, ce n’est pas juste quelqu’un qui vote ou qui paie ses impôts. C’est quelqu’un qui ose s'exprimer, qui ose dire ce qui ne va pas, qui ose questionner et qui ose parler, même lorsque le silence est confortable, même face au silence imposé, à la peur du regard des gens,  d’un supérieur ou à la pression d’une organisation...La liberté d’expression n’est pas un luxe.

C’est une responsabilité.

Celle de dire, de dénoncer, de questionner et d'éveiller.

Il n’était pas contre l’ordre. Il n’était pas contre ceux qui gouvernent. Il était contre l’idée que le pouvoir, quel qu’il soit, fasse taire les consciences. Contre la peur de s’exprimer. Cette peur-là, il l’avait connue. Elle avait pris la forme d’un chef qui fait pression, d’une institution qui surveille, d’un voisin qui juge. Elle avait mis des chaînes invisibles à tant de langues.

Mais il avait choisi de parler. Non pas pour provoquer, mais pour exister pleinement. Pour dire ce qu’il ressentait, sans masque. Car la liberté d’expression, disait-il, n’est pas un luxe ; c’est un fondement. Elle ne menace que ceux qui refusent le dialogue.

Un vieil homme, assis non loin, lui lança doucement :

— Wa MoQran ! Tu n’as pas peur ?

Il sourit.

— Da-Mohand ! J’ai eu peur longtemps. Puis j’ai compris : me taire, c’est abandonner mon rôle de citoyen. Et sans citoyens debout, la société s’effondre.

La foule avait grossi. Pas de cris, pas de slogans. Juste une écoute rare, profonde. Comme si, en cet instant, chacun reconnaissait que la liberté d’expression ne devrait pas être un privilège accordé, mais un droit vécu, sans craindre le regard du supérieur, du public ou d’un quelconque organe d’autorité.

Il n’était pas un héros. Juste un homme qui, ce jour-là, avait décidé de ne pas baisser les yeux.

Et dans ce simple acte, il avait semé la graine la plus précieuse de toutes : celle de la parole libérée, responsable et citoyenne.

Car sans voix libres, la citoyenneté meurt en silence.

Et il ne reste que l’obéissance... Osons dire. Osons être.

 

Inspiré de l’expression de Tahar Djaout :

"Si tu parles, tu meurs. Si tu te tais, tu meurs… Alors, parle et meurs."

 

Il y a des silences qui tuent lentement.

Des silences qu’on avale par peur, par fatigue, ou parce qu’on nous a appris à nous taire.

Mais se taire face à l’injustice, face au mensonge ou à la violence, c’est participer, malgré soi, à ce qui détruit ce monde.

Zorba Alexis

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